Je suis conseillère dispositif CEJ.

L’objectif du nombre de jeunes à faire entrer en CEJ à mars 2022 a été très difficile à tenir et les conseillers ont subi une énorme pression à tous les niveaux : de la Direction Régionale jusqu’au conseiller – 6 rangs hiérarchiques – plusieurs fois par jour. L’importance est donnée aux chiffres à tenir dans les délais plutôt qu’au ciblage des jeunes (le critère « peu qualifié » est vite balayé) et on pousse à inscrire tous ceux qui sont volontaires et ne bénéficient d’aucun autre accompagnement. Il y a un fort absentéisme des jeunes. Tout comme dans le cadre de l’AIJ, il y a peut-être une saisonnalité pour capter plus facilement les jeunes. Plus facile en septembre.

Dans la volonté du CEJ, on parle de fluidité. Les conseillers constatent en majorité tout le contraire : multiplication des outils de saisie qui prennent beaucoup de temps, avec une lisibilité pour le jeune de son planning qui reste partielle. Et de ce fait, pas de prise en main réelle de l’outil par le jeune. Pour l’instant ce sont essentiellement les conseillers qui font ce travail. C’est du temps qu’ils ne passent pas à transmettre aux jeunes de l’information utile sur les événements du territoire. Il est très difficile de démarrer des accompagnements, le temps est réparti entre la recherche de jeunes, les entretiens de contractualisation, les ESIJ (entretien de situation Jeune), les ateliers connexion emploi, l’administratif. Peu de temps également pour réfléchir à une offre de services en équipe. A ce jour, encore aucun contact non plus auprès de partenaires. Tout est subi, rien n’est réfléchi.
Mobiliser 15 – 20h des jeunes et ce dès le début de l’accompagnement semble utopique, d’autant que nous avons souvent un manque de dates de prestations en face !
De même le journal de recherche d’emploi n’est pas adapté à cela. Le journal sur l’espace personnel PE ne permet pas aux jeunes d’indiquer l’ensemble de leurs démarches (par exemple heure de conduite). Il ne permet pas non plus de quantifier le nombre d’heures par semaine pour le jeune. Le conseiller doit ajouter la démarche ou changer le nombre d’heures via un autre outil, cela ne sera cependant pas visible du jeune.

Sur la gouvernance territoriale, les conseillers ont fait remonter les besoins, en attente des réponses : outils facilitant pour la saisie des actions que le jeune s’engage à faire, un outil unique permettant d’avoir accès facilement et rapidement aux événements internes et externes du territoire….
La procédure FSE (administratif) a été présentée mi-avril (pour rappel, mise en place du CEJ le 1er mars !) : pour certaines choses on n’est pas dans les clous et il va falloir reprendre les dossiers (temps perdu). A côté de cela au démarrage du CEJ, il y a eu une multiplication des réunions en audio (trop et sans avoir encore toutes les infos). Les formations ont démarré après le début du CEJ et ont rogné aussi un peu plus sur le temps opérationnel. Des questions restent en suspens longtemps concernant les sorties positives par exemple.

Il y a eu une grosse campagne de communication (affiches, messages radios, TV, etc…). Signature des premiers contrats en présence des Ministres : 1er ministre, ministre du travail, ministre jeunesse… Vidéo sur l’intranet Pôle emploi national et dans chaque région. Mais on a encore une fois voulu précipiter les choses et les conseillers se retrouvent avec un manque de formation et d’informations notamment sur les outils utilisés. Pas de coordination mise en place au niveau Direction territoriale. Les conseillers PE en charge de ces jeunes sont rarement sur du volontariat. Ces « missions gouvernementales » génèrent toujours des attentes fortes et donc une pression très forte de la hiérarchie, l’administratif y prend toujours trop de place…

Nous sommes demandeurs de temps d’échanges et d’une coordination réelle, autre que de simples échanges sur Teams. Il aurait été bien plus pertinent de prévoir une montée en charge progressive. Il est important d’informer et de former les agents en amont. La pression constante est contre-productive. Les agents qui ont choisi d’intégrer de leur plein gré sont déçus (écart entre ce qui a été « vendu » et ce qui est). Pour ceux dont ce n’est pas un choix … no comment.

Pour la saisie des actions que le jeune s’engage à faire, il existe trop d’outils différents et les actions que nous enregistrons dans GDP (Gestion des parcours) ne sont pas visibles dans le JRE (Journal de la Recherche d’Emploi) donc pas visibles pour le jeune. Si JRE est vraiment adapté, l’outil conseiller Gestion des parcours disparait. Un outil en moins ! Il faudrait une appli mobile complète dès le démarrage, la possibilité d’envoyer des images. Un outil unique permettant d’avoir accès facilement et rapidement aux événements internes et externes du territoire. Et que cet outil soit lisible : sous forme de calendrier. Également des parcours types identifiables rapidement mais qui soient adaptés aussi à chaque jeune, possible sous forme de carte mentale.

Il faudrait que le choix de l’opérateur CEJ (MILO ou PE) appartienne véritablement au jeune et que l’adhésion au CEJ ne soit pas présentée aux jeunes comme une contrainte. Et que les objectifs correspondent aux moyens ou les moyens aux objectifs pour que les conseillers en charge du CEJ ne soient pas soumis à une pression permanente.